Les incubé-e-s à Ibi et à Mongata ont partagé avec nous plus
tôt ce mois-ci leurs impressions sur le déroulement du projet jusqu’à présent.
Bien qu’ils et elles aient dû surmonter plusieurs défis inattendus, il y a
également place à l’optimisme, avec la récolte de manioc qui arrive et les
nombreux apprentissages que cette expérience sans précédent a pu leur donner.
Nous commençons ici avec 5 incubé-e-s d’Ibi.
Aaron Mbuyamba
« Avoir mes 5 hectares à ma disposition m'a permis
d'exprimer ce que j'avais dans ma tête, de décider des cultures, etc. (…)
Normalement la saison B doit commencer le 15 février, et j'ai commencé à
planter le 15 mars. Par rapport au climat, il y eu stress hydrique. (…) J'ai
appris plusieurs choses, par exemple comment je peux créer et gérer une
entreprise. Aussi une formation GIS, utile pour localiser un terrain sur une
carte et pour convaincre quelqu'un, montrer des précisions sur une image. (…)Je
n'avais jamais travaillé avec des gens auparavant. J’ai appris à gérer les
personnes, jusqu’à une équipe de 30 personnes. J'ai appris à me comporter en
vrai chef, à ne pas céder aux caprices, à ne pas me fâcher facilement par
exemple. Dans le cadre de la diversification, j’ai des poissons qui évoluent
bien. Par ailleurs j’avais toujours eu en tête l’idée de créer un élevage des
poules. »
Dieudonné Otshudi
« Le projet a apporté une expertise, une formation dans
la pratique, une maîtrise dans la gestion. (…) On a connu un retard dans
l'exécution par rapport au calendrier, cela a causé beaucoup d'échecs dans nos
champs. (…) J'ai palpé la réalité de l'agroforesterie. J'ai appris comment
gérer une entreprise; comment gérer les ouvriers temporaires. Je suis en train
de mettre en pratique ce que j'ai appris. (…)[L'incubateur] donne un coup de
pouce. Mais je ne peux pas tout miser sur cela à cause de l'incertitude de la
rentabilité. »
Patrick Kabangi
« J'ai réussi seulement avec les arachides. J'ai planté
2.5 ha et j'ai sorti 14 sacs (50k chaque). Le projet m'a donné l'expérience.
J'ai travaillé sur un grand espace. (…)Lorsque j'ai sorti mes produits, le
marché était
inondé. Cela est dû entre autres au fait que le dépôt n’est pas
encore construit. (…) J'ai amélioré ce que j'avais appris à l'université. J'ai
eu un champ pour m'exprimer, pour montrer mes talents. (…)Les ouvriers temporaires
du village connaissent bien le milieu et certains ont une expérience agricole
qui m’a aidé. On les écoute et on évolue bien. (…) C'est mon rêve, que je
puisse conduire une grande compagnie agricole. »
Michelle Sangwa
Fatuma
« Malgré le retard, on voit le projet. (…)À cause du
retard, on n'a pas pu mettre des intercalaires avec le manioc. (…)La culture
vivrière gérée à grandes étendues, gérer les ouvriers qui peuvent être têtes
dures mais avec qui on doit quand même travailler, vivre avec les autres hors de
la famille… C’est le lieu où j'ai commencé à voir ce que je peux faire demain.
J'ai la possibilité d'avoir un terrain. (…) Ce qui m’intéresse c’est la
transformation. Je dois faire une expérience pour faire un yaourt de soja et
créer ma marque. »
Sylvain Shamba
« Ce projet m'a appris beaucoup de choses. D'abord,
l'agroforesterie. Il y a beaucoup de techniques que j'ai apprises. Le deuxième,
c'est l'entreprenariat. Le troisième, c'est le fonds à ma disposition pour
faire les champs et l'élevage. (…)Nous avons constitué un groupe de 4 et nous
avons fait un réfectoire, pour manger ensemble. On a appris à mieux se
connaître. Maintenant, on se connaît, on se complète. (…)Je suis optimiste.
Avec les moyens que j'aurai après récolte et les techniques apprises ici, je
pourrai créer mon entreprise. L'avenir est bon. »